Les soldes ont-elles encore un sens ?

Les soldes ont-elles encore un sens ?

Les soldes font-elle toujours l’unanimité ? Pas si sûr. En 2018, à la veille du lancement de cette traditionnelle période de promotions, les prévisions sont à nouveau à la baisse : 46% des Français annoncent d’ores et déjà qu’il n’y participeront pas (contre 39% en 2016) malgré la surenchère des rabais. A la lassitude des consommateurs·rices face à l’avalanche continuelle d’opérations commerciales s’ajoute une sensibilisation croissante à l’impact social et environnemental de nos achats.

Les soldes en crise

C’est une double crise de sens qui semble s’amorcer. En cause : les promotions perpétuelles tout au long de l’année, qui créent un sentiment de “ras-le-bol” parmi les client·es cibles de ce matraquage marketing permanent. Les opérations “Black Friday” ont sans doute joué un rôle de repoussoir : l’Observatoire Société et Consommation note que ce phénomène commercial est “arrivé de façon extrêmement agressive et très cash dans le discours”. En témoigne également le succès de la campagne “Le Black Friday, ce sera #SansMoi” menée par Zero Waste France en novembre 2017, et plus généralement du Défi « Rien de neuf ».

Ces opérations successives nourrissent aussi une certaine suspicion auprès des consommateurs et consommatrices. Pour celles et ceux qui doutent désormais de l’existence réelle de “bonnes affaires”, les soldes n’ont plus autant de sens qu’il y a quelques années. Les questionnements sur la réalité des rabais peuvent mener à d’autres interrogations, d’ordre social ou environnemental. Lorsque les prix varient du simple au triple d’une semaine à l’autre, on finit par ne plus savoir quelle est la vraie valeur des objets que l’on achète. Et qui paie ces prix cassés en fin de compte, si ce ne sont pas les client·es ? Les travailleurs, au travers de conditions de travail dégradées et parfois dangereuses (rappelons-nous du Rana Plaza) et, à coup sûr, la planète. Les soldes sont en effet un destockage massif, rendu nécessaire par un système de production, distribution et marketing qui oblige à ce que les rayons des magasins soient toujours pleins et renouvelés en permanence. Cette surconsommation est intenable : le 29 juillet 2021, l’humanité avait dépensé l’ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en un an. (c’est ce qu’on appelle le jour du dépassement).

Moins de neuf pour plus d’emplois

Pour réduire de manière drastique cette consommation de ressources, sans pour autant bouleverser complètement son mode de vie, on peut se tourner vers l’achat d’occasion, la location, l’emprunt, le don, etc. C’est l’engagement qu’ont pris les personnes inscrites au Défi “Rien de neuf”. Les participant·es témoignent de motivations “anti-gaspi” mais sont aussi nombreuses et nombreux à vouloir soutenir un autre type d’économie, plus créatrice d’emplois de qualité. Rappelons que le secteur de la réparation compte à lui seul plus de 150 000 emplois en France, et un rapport remis à la Commission Européenne évaluait son potentiel de développement à 200 000 nouveaux emplois en Europe.

Si vous êtes tenté·e par les prix bas pendant les soldes ou le Black Friday, n’oubliez pas de vous poser les questions essentielles pour vous éviter des dépenses inutiles et coûteuses pour la planète.

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