Renouveler sa garde-robe sans céder à la Fast-Fashion
Les beaux jours sont de retour ! Et avec eux, l’irrésistible envie de refaire notre garde-robe après des mois à se couvrir sous nos manteaux d’hiver. Réfléchissez-y, tout de même à deux fois avant de foncer au centre commercial le plus proche car il existe de nombreuses alternatives tout aussi accessibles et bien plus éthiques…
FAST-FASHION : c’est quoi le problème ?
L’industrie textile, de par sa production de déchets, ses émissions de gaz à effet de serre, ses pratiques sociales parfois douteuses (on se souvient encore de l’effondrement du Rana Plaza [1]) et sa surconsommation d’eau potable, est au cœur des préoccupations environnementales.
Cette industrie est l’une des plus polluantes à l’échelle planétaire, elle représente à elle seule 10% des émissions de gaz à effet de serre et 20 % de la consommation mondiale d’eau potable [2]. Cette “mode express” est rendue attractive par ses prix toujours plus tirés vers le bas, aux dépens des droits humains et de l’environnement.
S’habiller éthique, c’est possible !
Si les grands industriels du textile sont les premiers responsables du développement toujours plus accru de la fast-fashion et que les décideurs politiques semblent détenir la capacité de réguler cette industrie, les citoyen⸱nes sont loin d’être impuissant⸱es ! Ces dernier⸱es ont même un rôle crucial à jouer puisque leurs choix de consommation orientent le développement de la fast-fashion.
Mais comment réduire le neuf dans sa garde-robe ?
1. Fouiller dans ses placards
Puisque les tendances changent et qu’il arrive de se lasser de ses vêtements, réutiliser un pull devenu has-been peut permettre de renouveler sa garde-robe sans avoir à consommer davantage ! Il existe de nombreux tutos permettant d’utiliser autrement ses vêtements (comme ce tuto pour porter de plusieurs manières une chemise ou celui-ci sur différentes façons de porter un foulard en top) ou de les modifier sans avoir à être particulièrement doué⸱e en couture et en activités manuelles (comment customiser sans couture, et avec quelques coutures).
2. Louer pour les grandes occasions
Bien que moins fréquente, la location est également un bon moyen de s’habiller éthiquement à moindre coût et sans risquer de se lasser d’un vêtement un peu trop extravagant. Adieu la robe qui prend la poussière dans notre placard “en attendant la bonne occasion” ! On peut ainsi se tourner vers des plateformes comme Fashion Lib (entre particuliers), Studio Paillette, O’Rentees (pour les vêtements de ski et de randonnée) ou encore vers les groupes Facebook dédiés à la location.
3. Prendre soin et réparer
Acheter un vêtement est une responsabilité et implique d’en prendre soin et de ne pas s’en débarrasser au moindre accroc. La réparation apparaît alors comme la solution la plus évidente pour une garde-robe qui perdure dans le temps. Se tourner vers un⸱e parent⸱e couturier⸱ère, voire apprendre soi-même à rafistoler du tissu peut s’avérer très utile ! Pour celles et ceux qui ne bénéficient pas d’un⸱e couturier⸱ère dans leur entourage (ou qui ne seraient pas très adroit⸱es de leurs mains), il est toujours possible de faire appel à des couturiers professionnels à moindre coût ou de prendre des cours dans une association près de chez soi.
4. Échanger, pour plus de convivialité !
Une solution à laquelle il n’est pas suffisamment fait référence : le troc ! Et si nous pouvions nourrir notre garde-robe tout en la vidant ? Il existe pour cela différentes options : des nombreux groupes Facebook (il suffit de préciser dans votre barre de recherche les mots clés “troc vêtements », “échange vêtements” et éventuellement votre zone géographique) aux évènements (comme Free Troc Party organisé par le site Paris Friendly) en passant par les différentes plateformes (mytroc) et surtout votre réseau personnel !
5. Avoir recours à l’upcycling
Pour les vêtements passés de mode et les chutes de tissus, il est également possible de leur trouver une nouvelle fonction avant d’envisager de les envoyer en point de collecte. Il suffit de chercher “DIY upcycling” dans votre barre de recherche et de nombreuses opportunités s’offrent à vous (comme cette vidéo upcycling à partir de chutes de tissus par exemple) !
6. Chiner pour trouver des pépites en seconde main
La seconde main est aujourd’hui un marché très accessible, qu’il s’agisse des vide-dressing, des ressourceries (Label Emmaüs) ou encore des friperies, il est facile de s’habiller sans avoir à générer la production de nouveaux vêtements.
Nombreuses sont les alternatives à la production textile de masse et il est ainsi possible d’éviter la fast-fashion tout en restant tendance ! La seconde main ne se résume pas qu’à enfiler l’ancien polo défraîchi de votre grand-père.
Le collectif Ethique sur l’étiquette propose également un petit guide pour un shopping plus éthique, il s’agit alors de s’opposer à la fast-fashion en se tournant vers la slow-fashion, un mode de consommation plus responsable.
Même si le shopping éthique existe, la meilleure des solutions pour préserver les ressources naturelles de la planète reste de moins consommer car acheter mieux, c’est surtout acheter moins !
VERS UNE LÉGISLATION PLUS CONTRAIGNANTE ?
La fast-fashion représente bien un enjeu majeur dans le cadre de la préservation des ressources planétaires et il est vital pour l’environnement de pénaliser cette pratique. Une proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile a ainsi été votée à l’Assemblée nationale le 14 mars 2024, mais cette initiative est aujourd’hui à l’arrêt. Bien que l’Assemblée ait adopté à l’unanimité et dès la première lecture la proposition de loi, cette dernière n’est pas encore parvenue à atteindre le Sénat. La proposition de loi portée par la députée Horizons Anne-Cécile Violland repose ainsi sur trois axes : l’introduction d’une définition claire de la fast-fashion et la sensibilisation des consommateurs à ses enjeux, la mise en place d’un “système de primes et de pénalités” pour les entreprises du textile et l’interdiction de la publicité sur cette pratique commerciale.
Face à ce statu quo entravant les efforts législatifs en matière d’environnement, la coalition Stop Fast-Fashion se mobilise pour que les décideur·euses politiques adoptent avant juillet cette loi historique, de la manière la plus ambitieuse possible.
Agissez vous aussi dès maintenant en rejoignant le mouvement sur le site stopfastfashion.fr !
Sources
[1] L’effondrement du Rana Plaza : quand la mode tue | France Inter
[2] L’industrie textile dans le monde – ADEME
article mis à jour le 13 mars 2025
